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Emmanuelle
66 - "Deux portes" - Titres de chansons (Michel Jonasz) + écriture sur image (Flora)
Il s'agit d'écrire à partir de l'image suivante avec la condition supplémentaire d'utiliser les 10 titres suivants, qui correspondent à des chansons de Michel Jonasz :
1. A chaque saison qui passe
2. C'est ça le blues
3. Changez tout
4. De l'amour qui s'évapore
5. En v'la du slow en v'la
6. J'veux pas qu'tu t'en ailles
7. 25 piges dont 5 au cachot
8. La vie sans mort
9. Le cabaret tzigane
10. Y a rien qui dure toujours
Les deux portes s'ouvrirent en même temps.
- Hé! Marcel ! Un exemplaire du "Parisien" pour moi s'il vous plait !
L'homme qui avait hélé le vendeur du kiosque à journaux qui s'époumonait juste en bas de l'immeuble devait avoir plus de soixante ans.
- "Vos gueules! J'en ai rien à foutre de votre religieuse !!"
Le jeune homme ayant ouverte la deuxième porte avait hurlé, visiblement mal réveillé et très en colère .
- "Si vous la connaissiez un peu mieux, mon jeune ami, vous ne diriez pas ça"
- "Pff ! Ma soeur ne s'appelle pas Emmanuelle et elle se porte comme un charme d'abord!"
- "Ah, ah, ah vous m'en voyez fort aise. Mais pour le reste, votre ton et vos discours, changez tout !"
Son jeune voisin crache à terre avant de dire :
- J'suis pas croyant d'toute façon
- Moi non plus.Mais c'est Soeur Emmanuelle.
Le buraliste donne un journal au vieux citadin, récupère la monnaie, puis repart benoîtement à ses occupations.
Le jeune adulte le regarde partir d'un air songeur.Sa main quitte la poignée qu'il s'apprêtait à refermer derrière lui, et, non sans surprise, il se retrouve assis sur les marches de son perron, et fixe son lettré voisin de manière incrédule.
- Et alors ? J'ai 25 piges dont 5 au cachot ... En v’là du slow en v’là ! Alors, qu'est ce que j'en ai à battre de votre soeur Emmanuelle qui vient de caner ... ?
L'homme mûr, à son tour, avec une lenteur calculée, s'assoit sur ses marches. De manière à rester en vis-à-vis de son voisin, qu’il choisit soudain de tutoyer.
- Tu ne sais vraiment pas qui elle était ? Ce qu'elle a fait ?
L'homme réfléchit un moment ...
- Bah, - dit-il -, ... vaguement entendu parler ... elle a aidé des pauvres ... C'est ça ?
- Oui, c'est bien.continue. Ne me dis pas que c'est la seule chose que tu retiennes de la Dame de Sion.
En l'interrogeant de la sorte, l'homme lui sourie avec une gentillesse sincère.Cela et le dernier mot qu'il a prononcé l'encourage à fouiller dans sa mémoire.Il reste silencieux mais revoit sa mère, il y a bien longtemps, lorsqu'elle vivait encore et qu'ils demeuraient au Caire ... Il y avait sa soeur aussi, de cinq ans son aînée.Aujourd'hui, elle a fini ses années d'internat et elle exerce depuis à Paris dans un cabinet qu'elle partage avec son mari,également pédiatre.Mais dans son souvenir, elle était très malade. Et sa propre mère très pauvre. Et à chaque saison qui passe, de plus en plus seule depuis le départ sans laisser d'adresse de leur égyptien de père sans honneur.Il se rappelle qu'il avait très peur que sa soeur n'en meurt car le service d'urgence de l'hôpital où sa mère avait essayé d'aller - avec sa soeur et lui - était surchargé et du style à faire passer en premier ceux qui pouvaient payer ... Tomber malade, c’est ça le blues et la terreur des indigents d’égypte ! Il regardait alors la fièvre de sa soeur empirer dans son lit blanc à roulette, en lui susurrant sans cesse : « Petite sœur … J’veux pas que tu t’en ailles… » et c'est alors qu'un groupe de femmes s'est approché : elles portaient des vêtements de facture simples : une robe bleue claire au-dessus d'un couvre corps blanc, et avaient toutes une petite croix en bois attachée à leur cou. La plus âgée était ridée de partout et portait des lunettes.Et c'est elle qui parla :
"Bonjour ... Mais qu'a donc cette petite fille ? "
Elle mis une main sur son front, et la retira assez vite.
"Mais elle a beaucoup de fièvre !!"
Elle s'adressa à une de ses suivantes :
"Toi! Va chercher un docteur ! Immédiatement ... il n'y a pas de mais, cette enfant se meurt !"
Puis, tout était allé très vite et est alors flou dans sa mémoire ... Sa soeur fut bien sûr finalement sauvée, et les soeurs, qui étaient de la confrérie de Sion, ou quelque chose du genre, s'étaient intégralement acquittées des frais d'hôpital, ce qui avait profondément émue sa mère.Ils n'en reparlèrent pourtant pas tous ensembles et le reste de leurs aventures, en grande partie dramatiques, finit par l'emmener en France, à Paris, jusqu'à être en ce jour assis sur cette marche de son perron.
Le vieil homme remarque un changement dans le regard que lui adresse son fier voisin : il constate pour la première fois son faciès égyptien, et va l'interroger d'avantage lorsque l'objet de son étude se lève d'abord sans mot dire, pour rentrer avec un grand sourire en son domicile.
"Et alors ? C'est tout ce que tu as à ajouter ?"
Sans se retourner le jeune homme dit:
"Non. Je crois que cette vieille femme était la personne la plus humaine et la plus juste ... »
Et son voisin l’entend ensuite marmonner cette phrase étrange et pourtant si pleine de sens … :
« Y’a rien qui dure toujours, sainte dame, hélas … La vie sans mort, c’est comme le cabaret tzigane de l’amour qui s’évapore … »
Alors, il voit le jeune homme revenir et tout en ouvrant grand sa porte, lui dire avec un grand sourire :
« Désirez-vous entrer prendre un café ? »
Il s'agit d'écrire à partir de l'image suivante avec la condition supplémentaire d'utiliser les 10 titres suivants, qui correspondent à des chansons de Michel Jonasz :
1. A chaque saison qui passe
2. C'est ça le blues
3. Changez tout
4. De l'amour qui s'évapore
5. En v'la du slow en v'la
6. J'veux pas qu'tu t'en ailles
7. 25 piges dont 5 au cachot
8. La vie sans mort
9. Le cabaret tzigane
10. Y a rien qui dure toujours
Les deux portes s'ouvrirent en même temps.
- Hé! Marcel ! Un exemplaire du "Parisien" pour moi s'il vous plait !
L'homme qui avait hélé le vendeur du kiosque à journaux qui s'époumonait juste en bas de l'immeuble devait avoir plus de soixante ans.
- "Vos gueules! J'en ai rien à foutre de votre religieuse !!"
Le jeune homme ayant ouverte la deuxième porte avait hurlé, visiblement mal réveillé et très en colère .
- "Si vous la connaissiez un peu mieux, mon jeune ami, vous ne diriez pas ça"
- "Pff ! Ma soeur ne s'appelle pas Emmanuelle et elle se porte comme un charme d'abord!"
- "Ah, ah, ah vous m'en voyez fort aise. Mais pour le reste, votre ton et vos discours, changez tout !"
Son jeune voisin crache à terre avant de dire :
- J'suis pas croyant d'toute façon
- Moi non plus.Mais c'est Soeur Emmanuelle.
Le buraliste donne un journal au vieux citadin, récupère la monnaie, puis repart benoîtement à ses occupations.
Le jeune adulte le regarde partir d'un air songeur.Sa main quitte la poignée qu'il s'apprêtait à refermer derrière lui, et, non sans surprise, il se retrouve assis sur les marches de son perron, et fixe son lettré voisin de manière incrédule.
- Et alors ? J'ai 25 piges dont 5 au cachot ... En v’là du slow en v’là ! Alors, qu'est ce que j'en ai à battre de votre soeur Emmanuelle qui vient de caner ... ?
L'homme mûr, à son tour, avec une lenteur calculée, s'assoit sur ses marches. De manière à rester en vis-à-vis de son voisin, qu’il choisit soudain de tutoyer.
- Tu ne sais vraiment pas qui elle était ? Ce qu'elle a fait ?
L'homme réfléchit un moment ...
- Bah, - dit-il -, ... vaguement entendu parler ... elle a aidé des pauvres ... C'est ça ?
- Oui, c'est bien.continue. Ne me dis pas que c'est la seule chose que tu retiennes de la Dame de Sion.
En l'interrogeant de la sorte, l'homme lui sourie avec une gentillesse sincère.Cela et le dernier mot qu'il a prononcé l'encourage à fouiller dans sa mémoire.Il reste silencieux mais revoit sa mère, il y a bien longtemps, lorsqu'elle vivait encore et qu'ils demeuraient au Caire ... Il y avait sa soeur aussi, de cinq ans son aînée.Aujourd'hui, elle a fini ses années d'internat et elle exerce depuis à Paris dans un cabinet qu'elle partage avec son mari,également pédiatre.Mais dans son souvenir, elle était très malade. Et sa propre mère très pauvre. Et à chaque saison qui passe, de plus en plus seule depuis le départ sans laisser d'adresse de leur égyptien de père sans honneur.Il se rappelle qu'il avait très peur que sa soeur n'en meurt car le service d'urgence de l'hôpital où sa mère avait essayé d'aller - avec sa soeur et lui - était surchargé et du style à faire passer en premier ceux qui pouvaient payer ... Tomber malade, c’est ça le blues et la terreur des indigents d’égypte ! Il regardait alors la fièvre de sa soeur empirer dans son lit blanc à roulette, en lui susurrant sans cesse : « Petite sœur … J’veux pas que tu t’en ailles… » et c'est alors qu'un groupe de femmes s'est approché : elles portaient des vêtements de facture simples : une robe bleue claire au-dessus d'un couvre corps blanc, et avaient toutes une petite croix en bois attachée à leur cou. La plus âgée était ridée de partout et portait des lunettes.Et c'est elle qui parla :
"Bonjour ... Mais qu'a donc cette petite fille ? "
Elle mis une main sur son front, et la retira assez vite.
"Mais elle a beaucoup de fièvre !!"
Elle s'adressa à une de ses suivantes :
"Toi! Va chercher un docteur ! Immédiatement ... il n'y a pas de mais, cette enfant se meurt !"
Puis, tout était allé très vite et est alors flou dans sa mémoire ... Sa soeur fut bien sûr finalement sauvée, et les soeurs, qui étaient de la confrérie de Sion, ou quelque chose du genre, s'étaient intégralement acquittées des frais d'hôpital, ce qui avait profondément émue sa mère.Ils n'en reparlèrent pourtant pas tous ensembles et le reste de leurs aventures, en grande partie dramatiques, finit par l'emmener en France, à Paris, jusqu'à être en ce jour assis sur cette marche de son perron.
Le vieil homme remarque un changement dans le regard que lui adresse son fier voisin : il constate pour la première fois son faciès égyptien, et va l'interroger d'avantage lorsque l'objet de son étude se lève d'abord sans mot dire, pour rentrer avec un grand sourire en son domicile.
"Et alors ? C'est tout ce que tu as à ajouter ?"
Sans se retourner le jeune homme dit:
"Non. Je crois que cette vieille femme était la personne la plus humaine et la plus juste ... »
Et son voisin l’entend ensuite marmonner cette phrase étrange et pourtant si pleine de sens … :
« Y’a rien qui dure toujours, sainte dame, hélas … La vie sans mort, c’est comme le cabaret tzigane de l’amour qui s’évapore … »
Alors, il voit le jeune homme revenir et tout en ouvrant grand sa porte, lui dire avec un grand sourire :
« Désirez-vous entrer prendre un café ? »
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