Thor aurait du s'appeler Mjolnir !!!

Publié le 28 Avril 2011 par itikar

Catégories : #Critiques

D’abord, une petite présentation de cinéphile : je ne suis pas du genre à apprécier le spectacle calibré. Un film d’1h30 excellent sera à mes yeux toujours moins savoureux qu’un film de 2h30 tout aussi bon. Résultat, j’ai pris mon pied de geek pendant la nuit Star Wars où furent diffusées l’un après l’autre les trois films de la prélogie … et encore plus dernièrement lorsqu’au grand Rex j’ai assisté aux trois film du Seigneur des Anneaux suite à suite … et encore, j’ai pesté devant le fait que cela ne fut pas une rediffusion des trois films version longue … La séance dura donc à peine dix trop courtes heures sic.

Bien sûr, il ne suffit pas de multiplier la pellicule pour faire de moi un spectateur comblé. Non, il y a une recette tout à la fois simple – voire évidente – et rare : réunir pas loin de la perfection au niveau des trois composantes d’un film réussi pour moi … Dans le désordre, le casting, l’intrigue et la mise en scène. Plus pour des films légendaires tels la saga du seigneur … lorsque le tout est comme bénie par une force de création divine … toûché par la grâce.

Thor n’est pas de ces films là. Mais c’est vraiment à peu de chose près et j’aurais aimé qu’il dure une heure de plus, avec un long historique sur Mjolnir par exemple, car ce marteau le mérite amplement vous le verrez, et dans cette critique, et surtout au grand écran. Un petit manque au casting (là où je ne l’attendais pas d’ailleurs), un petit manque à l’intrigue, et un moyen manque à la mise en scène.

Mais, et c’est bien ce qui compte, c’est loin d’être un film raté, et c’est vraiment le meilleur Marvel jusqu’ici. Il dépasse Iron Man un et deux, et le reboot de Hulk haut la main. Et j’espère bien que le dieu Asgardien va être à son tour dépassé par Captain America. Et, rêvons un peu, par les Avengers qui n’a jamais été aussi présent que dans ce film.

Iron Man est un film de super-héros tout à tour désabusé, dépressif et desespéré, toujours cynique et faussement cabotin bien sûr courageux et téméraire, campé à merveille par un Robert Downey Jr. qui vaut bien un Rourke sur le retour dans the Wrestler. Ou, dans son rôle de Tony Stark un Bruce Wayne en plus fun.

Hulk est un super héros hallucinant et halluciné.Aussi incroyable qu’imposant. Un mastodonte incontrolable aux élans et objectifs incertains qui ne peut qu’impressionner mis aussi émouvoir tant le destin de Bruce Banner est dur, dérangeant et impitoyable. Je crois qu'il n'a jamais été aussi bien traité que par Mark Millar, paradoxalement étant donné ce que j'en pense pour Thor ...

Captain America, du moins l’espére-je, est le plus « superman » de tous les vengeurs. Il devrait être l’archétype du héros qui ne se remet jamais en question, fonce tant qu’il lui reste une goutte de sang, avec ou sans espoir. Pour les idéaux qu’il défend envers et contre tout. Jamais désespéré… évidemment hyper discipliné, notamment vis-à-vis de lui-même et de son entourage. Un moralisateur sans peur et sans reproche, néanmoins foncièrement accroché à une vision rétrograde, héritage de sa vie passée, sans cesse en conflit avec les intérêts contemporains.

Thor est certainement un super héros courageux et impétueux, ne reculant jamais tant que sa cause est bonne à ses yeux. Un grand protecteur pour l’humanité, gentil et serviable, très spontané. Lui aussi prêt à se sacrifier pour vaincre et sauver.

Mark Millar est un excellent scénariste d’univers, il est juste potable dans la direction de personnages. Quand je vois ce que Kenneth Brannach est parvenu à faire de Chris Hemsworth, je me dis que Mark, scénariste des ultimates sur lesquels va pas mal se baser les Avengers, est vraiment pas top à ce niveau pour ce qui est du personnage de Thor. En effet, le Thor qu’on peut rencontrer en salle depuis aujourd’hui en France a bien plus d’envergure que l’espèce de pantin alcoolique et quasi hippie que Mark nous dépeint, lui donnant un air presque défaitiste et pathétique qui a cependant il est vrai le mérite de mieux dépeindre son exil. Kenneth Branagh ayant du de son côté faire avec le fait que l'exil de Thor dure moins longtemps, le rendu est très différent au niveau de la mutation de son caractère.Mais enfin, il mute, et c'est là une performance réussie de Chris Hemsworth.

J’ose donc espérer que Joss Whedon a le niveau de Branach, ou tout au moins qu’il acceptera de se faire conseiller par lui … car sa vision shakespearienne est du pain bénie pour Thor et ses personnages hauts en couleurs, certes, mais cinématographiquement très casse gueule.

Le casting de Kenneth est heureusement quasiment impeccable, à deux exceptions près. Une actrice que j’adore on ne peut plus pourtant, j’ai nommé Nathalie Portman qui hérite d’un rôle presque pathétique en la nature de Jane Foster, qu’elle parvient rien que par son aura à rendre attachante dans les moments les plus lents du film, heureusement. Et son père adoptif, vraiment peu attachant en vieux scientifique paumé, restant par contre totalement crédible dans son côté protecteur vis-à-vis de sa jeune amie. Plus une performance vraiment moyenne des acteurs et actrice campant les plus proches amis du dieu Thor. Bien que la plastique de Jaimie Alexander soit un atout on ne peut plus charmant.

Le reste est tout bonnement excellent, voire extraordinaire pour Anthony Hopkins, en Odin Père de toutes choses, Kat Dennings en Darcy Lewis, Tom Hiddleston en Loki, Iris Elba en Heimdall et bien sûr le fameux agent Couslon campé par Clark Gregg. Plus le premier rôle Chris Hemsworth, impeccable dans tous ses registres, du dieu tout puissant au mortel beau gosse, nombreux.

Le plus beau et le plus intense moment du film, son point culminant, en tout cas en version française tient en une phrase, pour moi d’intensité juste dépassé par la fameuse parole de Gandalf à Frodon dans les Mines de la Moria, lorsqu’il disserte sur la morale et la justice avec l’inégalable « Nombreux sont les hommes qui méritent la mort, Frodon, et nombreux sont ceux qui auraient mérité de rester en vie. Pouvez-vous la leur rendre ? Alors, ne soyez pas si prompt à dispenser mort et jugement » … C’est bien entendu Anthony Hopkins qui hérite fort à propos de LA réplique du film : « Au nom de mon père, et de son père, moi Odin, Père de toute chose, je te bannie !!! »

Il est peu dire que cette série de talents portent voire sauvent le film.

En effet, le scénario est un des pire casse gueules qui soit. En de mauvaises mains, on tiendrait là le pire des nanards – vous savez, ceux là même qui en deviennent attachants tellement ils sont loupés – Mais dans les mains d’un sculpteur et d'un dramaturge tel que Kenneth Branagh, on se rapproche d’un chef d’œuvre.

L’intrigue est bâti de manière shakespearienne classique, d’autant plus passionnant qu’on se situe là dans un monde improbable, Asgard. On comprend donc tout de suite à quel point la maestria des acteurs et des actrices est ici fondamentale. Les conflits et déchirements familiaux, toujours tonitruants et lourds de conséquence forcément, doivent absolument être convaincants sous peine de ruine du film, qui ne tient que sur eux. L’ambition et la demesure des frères doit être complètement crédible.

Le film fait la part belle aux autres mondes – Midgard, notre bonne terre, parait bien frêle et fragile à côté de leur envergure … Asgard est parfaitement rendu, on a un sans faute du département artistique, et des effets spéciaux, et pourtant je n’y croyais pas jusqu’à la dernière minute ! En sortant du film, on les loue d’autant plus que toute la crédibilité du film, du personnage de Thor, et donc plus largement de Marvel version cinéma, en dépendait.

L’autre monde, celui des géants de glace, est moins réussi, mais fournit ce qu’on en attendait quand même. Mais pas plus. Et lorsqu’on voit ce qu’Avatar a pu apporter aux Nav’vi, on pleure de rage devant la mocheté relative des créatures de Jotuheim.

Mais lorsque j’ai parlé de la quasi perfection de l’intrigue, c’est pour deux thêmes qui rendent insignifiants les jolis loupés de l’action au rabais sous toile de plastique dans l’enclos du shield ou encore cette bourgade paumée au milieu du désert qui sent le décor de cinéma encore plus que le bourg de Hill valley des fameux Retour … ou encore –snif – le peu de scène d’action mettant en jeu Thor … à la notable exception de la première, dans le monde des glaces qui est vraiment épique !

Ces deux thêmes ont le point commun de tourner autour du fameux marteau de Thor, Mjolnir, un formidable personnage à lui tout seul, hyper efficace et dans l’action, et dans le drame, et dans le défi, et même dans l’humour (avec en VF le très joli et drôle « Mjomjo » prononcé par Darcy le concernant) !

Le premier c’est le clin d’œil à Excalibur, à laquelle fait indirectement référence Kenneth Branagh dans un interview pour Mad Movie - qui je pense a un rôle de crédibilisant fondamental. La fameuse lame fait partie de l’inconscient collectif. Il est un des objets magiques, mythique ou mystique les plus évidents, et donc l’un des moins inacceptable, un de ces éléments impossibles qu’on sent profondément et paradoxalement être pourtant possible. Je pense sans vouloir vous en dévoiler plus pour ne pas spoiler, que c’est une des choses qui fait qu’on croit au message terriblement gros du film : on nage vraiment en plein délire et à moins d’être profondément ancré et désireux de rêve, il y a trop d’impossibilités énormes pour qu’on puisse être accroché … Pourtant, là où le fameux «Klaatu barada nikto » - par l’entremise du fameux Destroyer qui semble s’être égaré dans les décors peu après le tournage du dernier « Le jour où la terre s’arrêta» pour finir par atterir sur le plateau de Branagh …- ne réussit pas à nous ancrer dans le film, le traitement de Mjolnir comme avant lui Excalibur lui y parvient. Et on y croit. On en redemande même et j’ai du mal à croire que cela soit un pur hasard quand on voit le nombre important de moments le mettant en scène. Il est le pivot du film.

Autre coup de génie dans l’intrigue, toujours en rapport avec Excalibur et au marteau, avoir penser à réunir en Thor tout à la fois le roi Arthur et tous ses chevaliers dans leur rapport avec l’épée des Rois.

Par ce traitement à la fois dantesque et psychologique, Mjolnir devient 100% crédible, presqu’une sorte d’avatar d’Excalibur, et porte rien qu’en lui la crédibilité de toute la magie d’Asgard. De tout Asgard. Et de son panthéon complexe. Et de ses machineries magiques impossibles tel une sorte de pont arc en ciel que même Philip K Dick n’aurait pu inventer je pense ! Bon, je m’avance probablement, emporté par l’enthousiasme azimuté que le marteau a déclenché en moi.

Oui. C’est le traitement réservé à Mjolnir qui nous fait croire à Thor. Qui nous fait croire Thor et sa mythologie possible au cinéma.

La mise en scène enfin est terriblement mitigée : Kenneth Branagh n’a peut-être pas d’égal dans l’intensité qu’il donne aux rapports divins. Il est juste passable dans toutes les séquences se déroulant de nos jours sur terre. Et limite désastreux dans les scènes d’action. Richard Donner intensifiait les pouvoirs de Superman/Christopher Reeve bien mieux il y a trente ans ! Ma comparaison n'étant pas là par hasard -j'ai d'ailleurs retrouvé Kenneth Branagh y faisant référence dans son interview que j'ai pourtant lu après avoir écrit mon article - car une partie du devenir de Thor s'inpire également beaucoup, en bien moins bien réussie hélas, de celui de Superman dans le second opus réalisé par Richard Lester, à mes yeux encore et toujours le meilleur de la franchise. Quoiqu'il en soit, à l'exception d'un destroyer ne s'en sortant pas si mal (bien vu le clin d'oeil avec Iron Man d'ailleurs ... ) et mis à part comme je l’ai déjà signalé dans la première demi-heure, toutes les scènes d’actions super-héroiques de Thor sont confuses, trop vite

expédiées, assez difficile à suivre. De tous les films de super héros récents, à ce niveau-là, c’est de loin le moins bon. ET c’est quand même un monde de parvenir à apprécier un film de super-héros où tout ce qui est super-héroique semble être traitée de manière secondaire, à la va vite et sans passion aucune. Cela me plongerait presque dans un abysse de réflexion …

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Christove Reeve en Superman, il reste le meilleur interprête de super-héros et de très loin ...

Kenneth Branagh, ok, est passionné par le personnage de Thor, ses affres et ses remises en question intégrales. Ca se voit. Et par le sourire omniprésent de Nathalie Portman. Ca se comprend.Comme Chris l’a dit « tourner avec Nathalie est comme un rêve » … Mais visiblement, que Thor vole, manie le marteau boomerang avec dextérité, ou encore soit un lutteur exceptionnel, il n’en a visiblement rien à …

A Retenir : un casting excellent à 90%, une intrigue shakespearienne tout simplement parfaite, une ambiance arthurienne extraordinaire, un héros bien plus crédible en dieu asgardien qu’en super distributeur de mandales … et un constat sans appel, et j’en suis le premier étonné car je n’ai jamais accroché aux marteaux côté armes … mais celui-ci est encore plus réussi - et j'aurais jamais cru devoir le dire un jour ! Même Stormbringer n'est pas parvenu à changer mon arme préférée d'épaule ! ) que ne l’est Excalibur (qui, c’est le moment de le souligner et le clamer haut et fort ne s’est pas appelé « Arthur » , c’est pour dire : bien que Thor reçoit un traitement excellent, le film aurait du s’appeler Mjolnir !!!

Elric de Melnibonée et Stormbringer, l'Epée Noire dévoreuse d'âme

Excalibur, Stormbringer, Mjolnir ... Cette dernière grâce à Kenneth branagh gagne de loin le duel de l'arme à la présence cinématographique la plus intense (oki, pour Stormbringer, c'est de la triche, il n'a jamais été adaptée à l'écran ! Ce qui est bien dommage d'ailleurs ... un jour peut-être) ... En effet, la puissance, mais aussi la personnalité du marteau est excellemment bien rendue, je trouve, au point qu'on s'attache à l'arme comme un personnage absolument pas secondaire, mais tout à fait primordial.Et d'autant plus que le fameux "Mio-mio" permet également d'en traiter avec humour ! Bravo, Kenneth ! Du grand art !

Thor,

de Kenneth Branagh

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