Isabelle, roman d'aventure epique et erotique - Chapître X - work in progress

Le lendemain, le négociant nos deux héros se levèrent tôt. L'orage de la nuit avait fait humblement place à un matin radieux, et c'est sous un beau soleil matinal qu'Isabelle et Lancelot du Lac quittent l'auberge.

            Isabelle vibre littéralement, toute heureuse de chevaucher à travers champs mais le jeune chevalier arbore quant à lui un air maussade. Il n'avait pas apprécié ni qu'Isabelle le fasse coucher par terre pendant qu'elle partageait le lit du dénommé Damien, ni qu'elle lui demanda de quitter la chambre ce matin pendant qu'elle prenait son bain juste devant son rival, et en fait il ne parvenait plus à défaire de son esprit l'image de la jeune fille nue au point où il se surprend à la voir de temps à autre comme chevauchant dans le plus simple appareil. C'est bien sûr une pure vue de son esprit. Il le sait bien, mais ce que cela suppose le glace ... Autant sa foi en Dieu que son scepticisme envers la sorcellerie ancienne enflait avec le temps et il ne pouvait donc accepter vraiment l'intuition, renforcée par les événements de la veille, qui le tenaille. Isabelle a t'elle le pouvoir magique de séduire qui elle veut ? ...

            Qu'importe ... Via quelque sortilège pervers ou de manière on ne peut plus naturelle, elle le possédait lui totalement et irrémédiablement, et il en était encore plus conscient depuis la frustration ressentie ce matin. En voyant Isabelle et son Damien mener leurs chevaux l'un à côté de l'autre, et souvent riant de manière bon enfant à quelques plaisanteries adulescentes, il avait l'impression d'avoir affaire à deux jeunes amants. Pourtant, nul bruit n'avait trahi cette nuit là une quelconque activité sexuelle du côté de leurs lits.

Après quelques courbes contournant la colline, le sentier menant à l’auberge redevient une route, et file droit vers le duché voisin de Cornouailles, terre natale de la mère d’Isabelle, la fée Morgane.

Lancelot restant volontairement à quelques pas au derrière d’eux, Damien et la jeune femme chevauche côte à côte en devisant gaiement. Lancelot est gagné par l’impression d’assister bien malgré lui à une séance de cancan entre deux lavandières … L’idée l’amuse tant qu’il préfère rire sous cape à bonne distance.

Après une de ses plaisanteries grandement appréciées par l’héritière, Damien s’adresse à elle avec gravité, choisissant ses mots avec application :

- Damoiselle, pourriez-vous enfin me dire où nous allons ?

- Oh, Damien, vous m’avez promis de ne point me poser de questions, ne puis-je avoir en vous aucune confiance ?

Il lui répond d’un air brutal semblant tout à fait impromptu à Isabelle :

- Si fait, ma dame .. J’ose une exception car vous allez quérir grand dangers dans cette direction. Donc, à moins de chercher quelques gloires posthumes, je vous prie de considérer un nouveau chemin …. Vous allez à Londinum, n’est-il pas ?

Isabelle hésite entre l’agacement et l’effroi. Ce changement si brutal dans le ton de son nouvel ami ne lui plait guère. Elle résout immédiatement l’énigme en décidant de ne plus s’ouvrir autant à lui et de retourner vers Lancelot. Elle tire un grand coup sur le mors pour faire stopper son cheval. Ils étaient partis au petit trot, aussi Damien, cavalier émérite,  fait tout de suite demi-tour et la rattrape vite. Elle avait juste entamer sa manoeuvre de recul.

Il agrippe la jeune fille de son poignet d’acier, et lui serre le bras au point de lui arracher un « aie ! Lâchez-moi ! Vous me faites mal ». Avec une lueur paniquée dans le regard, Damien resserre au contraire sa prise, et gravement la sermonne :

« Attendez-ma dame ! Cessez de minauder et comprenez-moi bien, vous n’avez vous et votre écuyer aucune raison valable de galoper par là ! Gardez secret votre destination si elle le doit, mais de grâce, optez pour une voie moins voyante ! Mordred le Terrible est en ce moment même sur cette route peu derrière nous, et ses éclaireurs s’en reviennent vers lui pour faire leur rapport. Nous sommes pratiquement pris entre deux feux ! Heureusement, je connais un chem… »

Le chevalier ne peut pas finir sa phrase que le plat de l’épée de Lancelot le fauche avec violence au niveau du cou, le désarçonne de sa monture et le fait rouler le long de l’encolure de celle-ci. Damien s’étale dans la boue.

Alors, le champion saute de son cheval l’épée en avant pour terminer d’estoc sa victime, sonnée. Il est bien décidé à faire payer à l’impudent sa violence à l’égard de la dame de toutes ses pensées !

C’est celle-ci qui l’arrête :

« Nonn ! Epargnez-le ! »

En plein saut, Lancelot ne peut obéir autrement qu’en déviant la course mortelle de sa lame, et celle-ci glisse le long de la cote de maille de sa cible, lui frôlant la chair de peu. L’agresseur n’ayant plus le soutien que devait lui octroyer initialement l’épée plantée dans le ventre de Damien, il s’étale près de lui, le rejoignant dans son bain de boue involontaire.

En d’autres circonstances, la scène aurait arraché un rire franc à Isabelle, lui évoquant immédiatement une sorte de revanche à la honte qui fut la sienne de finir dans la terre des douves du donjon de Camelot lors de sa première rencontre avec Lancelot.

Il n’en est rien, tant elle brûle d’en savoir plus … Comment, se dit-elle, ce Damien est-il au courant des faits et gestes de Mordred et de son armée jusqu’à connaître la position de ses éclaireurs ? Elle sent qu’avoir la réponse est une affaire très urgente. Tout comme doit l’être le fait d’être rencardé sur l’emplacement de la piste qu’il évoquait afin d’éviter son impitoyable cousin.

(le noble [l'elfe en fait] les invite à venir en ses terres en evitant les routes - soit-disant controlées par Mordred - et en profite pour les mener dans les "griffes" des Dames du Lac ; celle ci a compris que le temps pressait et estime qu'Isabelle doit etre detournée au plus vite)