Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La Cabane dans les bois

Publié le par itikar

 

Année de production : 2012

Réalisé par : Drew Goddard

  • Musique : David Julyan
  • Genre : Horreur, méta genre

Titre original : The Cabin in the Woods
Genre : Thriller, Horreur
Durée : 1h35min
Pays de production : Etats-Unis
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Date de Sortie : 2 mai 2012

Pays d'origine : USA, Australie, Canada

Aujourd'hui, je vais décortiquer - Attention, il y a aura de nombreux SPOILERS alors je pars du principe que vous avez déjà vu le film ou que vous allez courrir le voir avant de continuer votre lecture ! - ce qui est sans doute le film d'horreur le plus inventif de ces dix dernières années ( Saturn Award du meilleur film d'horreurprix Bram Stoker du meilleur scénario)

tout en recyclant, paradoxalement, à peu près tout ce qui a été fait dans le genre : La Cabane dans les Bois.

 

 

Après avoir parfaitement rempli son cahier de charges super héroïque avec les Avengers, Joss Whedon reste plus que jamais d’actualité avec La Cabane dans les bois (où il officie en tant que scénariste et producteur), un fameux méta film d’horreur réalisé par et pour des amoureux du genre - ses éloges méta rappellent un peu les fameuses "règles du slasher" - que nous a traité Screma du fameux Wes Craven, certes pas très sain et volontiers injuste mais très malin.

Tout commence dans une bonne vieille casserole : une blonde pas très fufutte (Anna Underbelly Hutchinson), un sportif moins malin qu'il ne devrait l'être (Chris Thor Hemsworth), un intello inutile et touchant dans sa maladresse (Jesse Grey’s Anatomy Williams), une vierge pas si effarouchée (Kristen As the World Turns Connolly) et un fumeur de joints brillant (Fran Dollhouse Kranz surprenant )vont passer le week-end dans une cabane perdue au fond des bois, non sans avoir rencontré l'habituel pompiste isolée, maboule et peu jouasse de service pour tenter de dissuader les héros d'aller plus avant, où ils seront finalement les victimes de menaces surnaturelles quasiment implacables et les décimant un à un.

 

Cependant, il y a quelque chose qui cloche par rapport au film d'horreur lambda : une mystérieuse organisation, pour des objectifs de moins en moins mystérieux au fur et à mesure du film, a fait en sorte d'induire leurs comportements afin de les mener doucement mais sûrement, et même avec une perversité certaine, vers l'inévitable ayant été pour eux programmé et mise en (méta) scène : la blonde devient carrémment nympho suite à l'absorption d'une drogue ayant été dissimulée dans une teinture de cheveu, des phéromones invisibles abrutissent discrètement le bellâtre, ou boostent les connaissances en langue du fort en thême et finalement seul le fumeur de joint développe une inatendue résistance du fait de son habiude à la sniffette. Ce qui va faire de lui un petit peu, du moins un temps, le grain de sable qui va se glisser dans l'engrenage.

Une jolie trouvaille nous montre d'ailleurs que le solstif est à dénicher au-delà des apparences : un tableau derrière lequel se cache un miroir sans teint pour pouvoir espionner, l'indécence en prime, ce qu'il se passe dans la pièce d'à côté, métaphore du comportement des scientifiques qui observent tous les faits et gestes de leurs "cobayes" mais aussi du spectateur qui cherche à pousser son goût pour le voyeurisme toujours plus loin vers l'excès puis l'horreur : la peau derrière les habits, la chair mortifère sous la peau.

 

Bien sûr, La Cabane dans les bois contient tous les stéréotypes du film d’horreur - en plus du pompiste, la pièce secrète gorgée d'objets maudits déclencheurs, et empile les références (Evil Dead en tête) pour mieux les contourner lors d’un twist final aussi jouissif que prévisible, qui va, cerise sur le gâteau pour les amateurs de créatures de genre, toutes - ou presque - les faire déferler sur les protagonistes comme dans un cauchemardesque banquet !

 

Le but du jeu est de laisser les protagonistes déclencher la malédiction qu'ils veulent, sans savoir ce qui les attends bien sûr.

Certaines créatures archi connues susceptibles d'intervenir sont mêmes listées dans un tableau utilisé par les employés de la corporation manipulatrice afin d'organiser des paris sur qui va tuer qui !

 

Et toutes attendent dans un appareillage d'ascenseurs improbables, qui n'est pas sans rappeler Cube, que leur dîner soit servi !

 

  • Alien beast, une créature xénomorphe type Alien

  • Angry molesting tree, un arbre agressif aux branches griffues d’Evil Dead ou Poltergeist

  • The Bride, une jeune mariée spectrale sanglante

 

  • Clowns, vous voyez "ça" ? vous y êtes.

  • Deadites, des morts-vivants aux yeux blancs et la bouche déformée d’Evil Dead

  • Demons, créatures cornues rouges, aux ailes membraneuses (en haut à gauche)

  • Dismenberment Goblins, les gobelins démembreurs ont des airs de gremlins
  • The Doctors, des chirurgiens sadiques

  • Dolls, tirés à quatre-épingles et masque blanc inexpressif

  • Dragonbat, de la chauve-souris géante façon ’bats", ou "daybreakers"

  • Giant, un géant de conte de fée scandinave avec sa massue

 

  • Giant snake, le serpent géant, genre cobra royal ou "anaconda"

 

  • Hell lord, un seigneur des enfers cénobite avec disques de scie dans le crâne (inbspiré de Hellraiser)

  • The Huron, des indiens scalpeurs de Scalps ou du Dernier des Mohicans
  • Jack O’lantern, tête de citrouille et farces macabres comme dans le film d’horreur éponyme.

  • Kevin  : apparence humaine normale, tendances violentes sadiques. capable d’exsanguiner un type en quelques secondes. (Sin City, we need to talk about Kevin)

  • Merman  : un triton, façon créature du marais

  • Mummy, une momie classique

 

  • Mutants : tenue orange et vomi toxique façon toxic avenger

  • The reanimated : des morts-vivants façon brain dead

  • Reptilius : une créature humanoïde à la peau squameuse, façon jeepers creepers

  • Sasquatch/Wendigo /Yeti, l’abominable homme des neiges

 

  • The Scarecrow Folk, les épouvantails tueurs

  • Sexy witches, des sorcières avec un petit côté succube

  • Snowman, un bonhomme de neige façon Jack Frost (le film d’horreur)
  • Sugarplum fairy, la fée des dents en tutu

  • Twins, les jumelles maléfiques

 

  • Unicorn, une licorne blanche qui aime transpercer les gens

  • Vampires, plus le genre nosferatu que Twilight

  • Werewolf, un loup-garou à l’ancienne

  • Wraith, des spectres vaporeux

  • Zombie Redneck Torture Family des morts-vivants habillés façon Ingalls

  • Zombies, le pack de mort-vivants décérébrés habituels

D'autres sont à dénicher un peu partout ou ont une présence vocale en faisant bien attention :

Les autres monstres que l’on aperçoit (ou qui sont mentionnés au détour d’une phrase) dans le film et qui ne sont pas inscrits sur le tableau.

  • American slow-walking creepy girl, la petite fille qui marche au ralenti

  • The Ancient Ones, les Grands Anciens

  • Balding menace, un type chauve aux allures de boucher

  • Blob, le truc gélatineux qui transite dans la plomberie

  • Boomer, le gros purulent de Left 4 Dead

  • Bullhead phantom, habillé en noir, un squelette de chèvre sur le crâne
  • Creeping Shadow, une ombre fantomatique qui change de forme

  • Cthulhu creature, un humanoïde avec la tête de Cthulhu

  • Cyclops, un humanoïde avec un seul oeil

  • Face peeler, un écorcheur en habit victorien qui s’enlève la peau du visage
  • Floating Leech Creature, une grosse lamproie volante
  • Flock of killer birds, la nuée tueuse des oiseaux de Hitchcook

  • Four legged saddle Creature, une espèce de fourmilier géant avec une selle
  • Garden Gnome Boy, un mignon nain de jardin armé d’une hache
  • Giant Ant, une fourmi géante
  • Giant Ape, un singe géant cornu façon King Kong
  • Giant cat, un chat géant
  • Giant Centipede, une chenille géante
  • Giant ferrets, un furet géant
  • Giant floating head, une grosse tête de djinn qui flotte

  • Giant Millipede, un mille-pattes géant

  • Giant owl, une chouette géante
  • Giant tarantula, une tarentule géante

  • Giant Toad, un gros crapaud géant (comme sur l’affiche du film Frogs)

  • Giant Woman, une femme géante de 50 pieds de haut.
  • Gorilla, un énorme gorille avec des cornes !

  • Huntern un mort-vivant traqueur à capuche (le genre Left 4 Dead)
  • Japanese Floaty girl, le fantôme de japonaise aux longs cheveux noirs

  • Killer Robot, la version maléfique de Wall-E

  • Klu Klux Klan, juste les types en capuches et leur corde de pendu

  • The Kraken, tentacules géantes et une envie de fruit de mer

  • Man in Transparent Tarp, un écorché sous une bâche en plastique

  • Pale Serpent, le serpent albinos du Repaire du Ver Blanc

  • Puffy Tentacle Creature, un oeuf d’alien ouvert avec tentacules végétales

  • Rabid dogs, une poignée de chiens enragés façon Cujo

  • Reaver, le genre cannibale des étoiles échappé de Firefly/Serenity
  • Savage with hatchet, un vandale avec une hachette
  • Slimey Horned Cloak creature, habit noir, casque à corne, trompe. Un clone du sandman
  • The suffocators, des êtres humains maléfiques musclés avec un sac en plastique sur la tête et qui aiment étouffer avec un sac leur victime

  • Troll, un troll classique des légendes nordiques, vert, gros nez, massue

  • Tank, un mort vivant sous stéroïde échappé de Left 4 Dead
  • Witch, une sorcière albinos aux griffes rouges, inspirée de Left 4 Dead

Ouf !

 

Côté acteurs, cette Cabane acceuille dans son bois un casting tout à fait convainquant, volontairement séduisant, en commençant par les jeunes gens qui nous sont immédiatement suffisamment sympathiques pour qu'on soit frappé par l'injustice de leurs différentes exécutions. C'est aussi l'occasion pour les trublions de scénaristes et le réalisateur d'offrir d'après eux pour mieux le critiquer le fan service inhérent au genre - rappelez-vous la scène de la branche dans Evil Dead - comme d'ailleurs le rappelle ces références au genre horrifique des employés en blancs ponctuant chaque étape du week-end horrifique des jeunes baroudeurs. Les acteurs et figurants, notamment Richard Jenkins et Bradley Whitford dans le rôle des cadres responsables de la bonne tenue du rituel ,interprêtent parfaitement des gens normaux forcés par on va dire le bon sens commun de devenir des marionettistes commettant des actes immoraux, abominables et anormaux, une légère mais assumée métaphore du monde adulte, corporate, politique voire cinéphagique (une métaphore d'Hollywood ?) qui cherche à mener par le bout de la baguette sa jeunesse soit dit en passant  -  par exemple lorsqu'ils regardent, avides, la jeune blonde - nous ayant déjà choqué ou émoustillé par son baiser zoophile - en passe d'être tuée, offrir involontairement à son public - eux, nous, mais surtout des clients qui en veulent pour leur "argent" et qu'il ne vaut pas mieux décevoir - une jolie vue sur son anatomie :

 

 

Bien sûr, le duo représente ici à la fois celui des cénaristes Joss et Drew, et nous-mêmes devant l'écran, nous délectant du spectacle, probablement, vraie fausse critique à notre goût ou pervers (à la fois pour la luxure et pour la mise à mort qui va s'en fuir) ou cinéphile (ça passe sûrement mieux dit comme ça).

La Cabane dans les Bois ne se contentent pas d'aligner les têtes d'affiches, en vrai bonne déclaration d'amour au genre de la part des complices Joss Whedon et Drew Goddard, mais le fait au sein d'un scénario qui a sa logique plutôt solide, et qui sent bon la théorie du complot caché par certaines autorités. On flirte donc avec X Files, mais aussi avec Lovecraft, et d'autres conspirationnismes. Les symboles, les légendes et tout ce qui est spiritisme a également la part belle, jusqu'à certaines figures du tarot de Marseille  - le Mat ou le bâteleur, bien évidemment, comme la salle du jeu de cartes sanglants l'atteste presque.

Le côté religieux n'est pas la part de gâteau la mieux réussie du film, mais il existe et a un sens prépondérant dans l'intrigue. On se demande parfois si celle-ci n'est pas plutôt un prétexte à mener le récit dans une sorte de "escape movie" se terminant sur un cul-de-sac : deux jeunes humains ont le choix entre se sacrifier ou déclencher la fin du monde, et donc dans les deux cas savent qu'ils y laisseront leur vie. Alors, à quoi bon se prendre la tête ? Le vrai twist du film sera son nihilisme tranquille où les jeunes répondent no future, le joint au bec, aux aînés qui veulent les sacrifier sur l’autel de leurs intérêts.

Côté technique, le département des créatures - AFX Studio en l'occurence - a fait un travail titanesque on le voit, et non sans effets gores (très) généreusement dispensé - la dernière outrance du genre n'étant pas moins que le fameux Brain Dead quoi le récent remake d'Evil Dead a vidé pas mal de pots de ketchup également -

 La Cabane dans les bois est au final bien plus drôle et fun que véritablement effrayant, et aussi bien évidemment un incroyable hommage aux films d’horreur des années 80-90 qui assume pleinement son concept improbable, allant jusqu’au bout de celui-ci pour le plus grand plaisir des amoureux du genre qui devraient particulièrement se régaler lors d’un final dantesque. Il ne cherche pas à innover, ne faisant que recycler de l'archi connue, mais il le fait en proposant une savoureuse nouveauté, celle qui pourrait naître d'un complot intraplanétaire imposé par les Grands Anciens Cthuluesques à une humanité lâche et dépassée.

Je me devais de lui rendre hommage, tout en repértoriant une à une toutes ses créatures pour le moins déchaînées, dans tous les sens du terme.

Entre autres sources, cet article bien complet m'a considérablement aidé.

 

Commenter cet article
L
J'ai pas trop aimé :)
Répondre